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La musique en tant que langage

Faire de la musique est un acte positif pour s’exprimer autrement. Les poètes et les écrivains écrivent pour dire ce qui leur vient à l’esprit. Par la musique, on le fait autrement. La question est de savoir, pourquoi veut -on utiliser une autre forme de langage, pour communiquer autrement, qu’il soit, en classique, pop ou en jazz. La réponse est aussi simple. Ce qu’on a en tête ne peut se dégager que par l’expression de nos sentiments intérieurs. Le langage verbal n’est souvent pas suffisant. Ce langage musical est universel. C’est là que la musique rassemble tout le monde, autour d’une expression universelle.

Ce langage permet à chacun d’utiliser le même alphabet, mais en ayant ses codes personnels, c’est-à-dire sa propre identité, ce n’est que le style qui est différent. C’est ce qui nous différencie l’un de l’autre. Elle est universelle et non discriminatoire. Il n’y a pas d’âge pour commencer à l’apprendre, ni à la partager. Tous les styles et instruments se partagent entre les deux sexes. Elle est universelle et inspirante. Elle apporte le bien-être et l’espoir chez soi. L’écoute de la musique est extraordinaire, jouer d’un instrument de musique, est le comble.

La plus grosse erreur qu’on puisse faire, est de vouloir jouer comme un autre donc, de parler comme l’autre, en oubliant qu’il est le seul qui puisse avoir sa propre identité, ses propres émotions, sa seule façon de s’exprimer, comme lui seul saurait le faire. La volonté de vouloir jouer comme un autre, revient à vous s’oublier, à rejeter notre identité propre.

On comprend bien, pour créer sa propre identité en musique, c’est-à-dire pour la découvrir, cela prend du temps. Mais il faut laisser ce temps, au temps. L’élément principal qui fait qu’on atteigne un niveau de jeu, ce n’est que le temps et, de ce qu’il a fait de ce temps. Il faut aussi savoir, que le temps est relatif pour chacun de nous dans l’apprentissage. Ce qui représente un jour pour une personne dans son apprentissage, cela peut-être pour vous trois jours. Ce choix que la nature a fait de nous est complètement hors de notre contrôle. On peut avoir un meilleur potentiel qu’un autre dans un instrument de musique mais la somme du travail est le même en termes de cette potentialité que chacun possède. C’est à vous de mettre ce temps, que vous ayez ce potentiel ou non, c’est le travail personnel qui compte. Le potentiel n’est pas garant de réussite sans le travail ardu.

En étudiant les autres, vous apprenez du fait et ce, sans le savoir à découvrir votre propre langage. Votre professeur est bien sûr meilleur que vous, mais il reste que sa façon de jouer est la sienne. Vous trouverez tôt ou tard votre façon de vous exprimer si vous la construisez. Cela prend du temps pour l’inventer. Votre signature est en vous mais, il faut la trouver. En écoutant les autres et en faisant constamment des analyses, vous êtes en train de vous armer d’éléments essentiels pour peaufiner votre style.

Cessez de vous comparer avec les autres, ceci est inutile dans l’apprentissage. C’est la discipline qui compte. Il n’y a rien de mal de puiser chez les autres pour avancer, c’est ce que nous faisons tous les jours dans notre démarche vers l’excellence. Ce qu’il ne faut pas faire c’est le plagiat. Puiser dans le courage de quelqu’un est très positif. Miles, nous inspire de sa force mentale pour s’exprimer. Vous trouverez toujours quelqu’un qui peut mieux faire que vous mais, il n’est vous qui puissiez-vous dépasser. Le désir du dépassement de soi, doit s’inscrire en vous vous. Tous ne sont capables de faire le même sacrifice pour atteindre l’excellence, on se fait une raison de ce point de vue. Ce qui est important, est le respect qu’on apporte à soi dans l’apprentissage.

On ne considère pas les meilleurs musiciens, comme étant ceux qui possèdent les meilleures techniques pour jouer, bien qu’il soit une facette importante du jeu mais, ceux qui rendent mieux leur exécution, leur état d’âme. La technique sans émotion, est mécanique, robotique.

Pratiquez envers vous la tolérance et la patience. Répétez vos phrases en autant de fois qu’il est nécessaire, tout en vous écoutant. S’écouter, c’est aussi chanter vos phrases. La répétition de vos phrases, vous exige de reconnaître la façon que vous les diriez autrement. Quand vous jouez une musique ou une phrase de quelqu’un d’autre, il faut savoir vous démarquer de son langage, en apportant votre empreinte personnelle. Sinon, vous resteriez toujours dans ses souliers. C’est le but de l’interprétation de se démarquer mais en respectant l’idée originale de la pièce. Un musicien ne se construit pas dans le hasard, il le fait de manière intentionnelle, en étant conscient de sa démarche.

La musique est complexe, c’est à vous de la simplifier. Vous avez beaucoup d’information à votre portée, rien ne vous oblige à tout utiliser. C’est à vous de faire un choix judicieux, afin de rendre l’information accessible aux autres. Ce qui amène les grands musiciens au sommet, c’est de par leur langage simple et limpide. Votre technique sur quoi vous mettez des heures à maitriser, ne doit vous servir qu’à rendre votre exécution plus simple que possible et non à servir dans une exhibition de notes rapides, sans savoir quoi dire. Ne vous perdez jamais dans l’excitation du jeu, la conscience du moment, est ce qui nous impose l’expression réelle. Les grands s’oublient, les inexpérimentés s’affichent comme des grands. Il ne faut pas tomber dans cet écart. Les compliments doivent vous servir de défit et non, le contraire. Si vous vous plaisez dans le confort des compliments, votre travail s’arrête là.

Sur scène, la musique est un art, elle s’exécute pour faire plaisir à un auditoire, c’est le bon moment, elle doit être accessible à tout le monde. Les applaudissements sont de cause. En pratique dans votre studio, elle est science. Sachez faire cette différence. Le studio c’est votre laboratoire, c’est la recherche des idées, c’est complexe. C’est dans cet espace que vous construisez l’art. C’est l’endroit où vous déposez votre conscience pour avancer. Soyez conscient.

 Notre lieu de travail connait nos forces et nos faiblesses. N’ayez pas de gêne pour travailler sur vos faiblesses. C’est le seul endroit que vous êtes votre propre témoin de votre avancement, ou de votre stagnation. C’est un lieu de recherche et de développement. Soyez exigeant envers vous, il y a d’autres qui le soient à leur égard. Personne ne réinvente la terre, vous devez apprendre des plus grands que vous, pour y amener le meilleur de votre langage pour les autres.

N’oubliez pas ce dicton, « Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage ». Tout bon musicien possède en soi une mesure de pouvoir juger leur propre travail. Si ne l’avez pas, vous n’êtes pas encore conscient de ce que vous faites.

Chacun a ses propres ingrédients pour cuisiner sa musique, vous devez savoir quand il y a trop de sel. C’est une image mais, combien importante. Ne pigez pas dans tous les ingrédients d’un autre pour faire votre musique mais, il est important de déceler les meilleurs ingrédients qui font le succès d’un autre. Souvent, le résultat est la simplicité, la balance, l’exactitude d’éléments utilisés dans la recette. Je ne suis pas le premier à parler de la symétrie des phrases dans votre construction. Chez, Miles, Back, Wes, Coltrane, Monk, Mozart, etc… tout se construit sur cette idée de balance des phrases, la symétrie. Celle-ci permet à l’auditoire d’absorber mieux une phrase musicale, et la retenir facilement.

Il y a aussi l’aspect du « Call and Response ». Toute la structure du blues est basée sur ce modèle. On l’utilise dans tous les styles et formes de musique. Soyez à l’affût de nouvelles idées. N’essayez pas de faire de votre succès un autre succès, c’est de l’auto-plagiat et la paresse intellectuelle.  Dans la musique l’espace entre le plancher et celui du plafond est mince.

La musique a aussi une force mystique qui l’accompagne. Cette force est en chacun de nous. Il faut la puiser dans le tréfond de vous-même. Une fois que vous la découvrez, elle a tendance à revenir sous la même forme. D’où, l’importance de savoir rejeter une bonne partie des idées qui nous arrivent trop facilement. Soyez pertinent, rigoureux, dans le choix des mots. Faites-vous l’image de ce que vous décrivez pour amener à la surface les idées appropriées.

Le jazz, en particulier utilise cette force mystique constamment lors de l’improvisation. C’est spontané.

Nous écoutons beaucoup de musique, ce qui suppose, que nous enregistrons dans notre mémoire tout ce que nous entendons. Il est facile d’utiliser, sans se rendre compte une part de ce qui est dans notre mémoire mais, qui n’est pas de nous. Il faut savoir vider son panier pour éviter d’être dans l’écriture d’un autre. Une phrase qui ne vous ressemble pas, n’est simplement pas de vous, c’est le truc. Si vous jouez du Wes ou du Mozart, vous le savez. La meilleure façon d’être vous-même, est d’y rester.

Si vous étudiez le style de quelqu’un, ce n’est que pour construire le vôtre et non, pour l’imiter. On ne peut apprendre un style de musique, si on ne l’écoute et ne la joue pas. Mozart a écouté et joué quelqu’un d’autre mais, il est resté Mozart. C’est ce que Monk et les autres ont fait. Personne ne se casse le nez, en ayant son propre langage, on a que faire, parce que c’est le vôtre. Personne non plus, ne peut vous exigez la manière de parler mais, on peut vous aider à vous construire. N’ayez pas de gêne à demander de l’aide quand il la faut. Partagez vos idées avec d’autres musiciens pour des analyses et des critiques. C’est seulement de cette façon que l’on avance.

Chaque groupe de musiciens dans un style donné forment leur religion, en termes de façon d’intégrer la musique dans leur pensée. Les musiciens jazz, pop, classique, latin ou autre, ont tous un monde différent de voir leur musique. Le langage et l’approche des harmonies sont différents réciproquement. Mais il reste que le désir de compétence est le même dans tous les groupes.

 Je ne cesserai de vous dire de rester vous-même. On le voit plus clairement en chant, chacun a une voix, un timbre personnel. Cet effet se retrouve chez tous les instrumentistes, chacun a sa couleur. Il y a des musiciens qui n’aiment pas s’écouter, parce qu’ils ont l’impression que d’autres couleurs sont bien meilleures à écouter. Pourtant ces autres les envient tellement de leur couleur. Ainsi fait la vie. Appréciez ce que vous avez en vous, c’est ce qui vous appartient.

En fin, au-delà de tout cela, il y a les grands interprètes, qui ne font que jouer les autres et, qui ont aussi la capacité d’amener leur sensibilité personnelle. Ils se sacrifient pour comprendre et nous rendre le plus exacte possible ce que Back ou Beethoven, par exemple voulait exprimer. Ceci constitue toute une charge de travail, sans lequel on ignorerait ces grands compositeurs.

Il faut garder en mémoire, que ces grands compositeurs et musiciens ont aussi trimé pour nous laisser ces œuvres extraordinaires, qui nous font avancer aujourd’hui. Ils savaient fort bien qu’ils travaillaient pour la postérité. Ils nous ont légué leur âme en quelque sorte. Tous les grands interprètent ne sont pas nécessairement de grands compositeurs. Mais, ils ont la capacité de se mettre dans l’esprit d’un autre pour lui faire revivre de tous les temps. Pour être un bon interprète ou un bon musicien, vous devez avoir une qualité dans votre jeu. Cette qualité n’est plus d’ordre physique, même avec la plus grande technique. Elle vient de l’âme, de vos émotions et de votre sensibilité.

Nous devons constamment avoir une pensée pour ceux qui nous ont précédé et, qui nous ont transmis la marche à suivre pour devenir ce que nous sommes pour la génération future.

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Author: Carl Henri Volny

Buts & objectifs Notre but est de permettre à tant d’étudiants de se développer avec nos méthodes vers uneapproche pédagogique. Notre objectif est de pouvoir éditer des auteurs de chez nous, mais aussi du reste du monde qui répondent à notre vision éducationnelle. Notre entreprise se voit dans la diversité musicale que représente le Québec d’aujourd’hui.